une coordination, un réseau citoyen, un acteur local ...


1) Le constat de départ

   Lyon est un noeud primordial au niveau des infrastructures de transport, par où passent des flux nationaux et internationaux importants: la vallée du Rhône, le trafic vers les Alpes et l'Italie, la présence du Rhône et de la Saône, la Plaine de l'Est et les collines de l'Ouest lyonnais sont des réalités géographiques incontournables. Le tunnel de Fourvière qui installe une autoroute internationale en plein coeur de la ville est une erreur fondamentale des années 60/70 qui ternit l'image de Lyon et handicape pour longtemps son développement. La rocade Est devient un contournement autoroutier avec son lot de nuisances de plus en plus insupportables pour les populations des banlieues populaires traversées.

  Pendant ce temps, la création du métro depuis les années 70 structure l'organisation des transports en commun lyonnais mais demeure insuffisante pour irriguer l'ensemble de l'agglomération et encourage l'usage de l'automobile individuelle, notamment pour la circulation domicile/travail vers le centre-ville, la Part-Dieu et les zones industrielles. D'où la montée en puissance des embouteillages aux différentes entrées dans l'agglomération et ses conséquences de plus en plus mal ressenties pas la population: pollution de l'air, pollution sonore, insécurité routière, gaspillage de temps, spirale infernale des budgets toujours insuffisants consacrés à l'automobile et au poids lourd.

  Lyon se caractérise également par son organisation des transports qui cumule les inconvénients, c'est le "millefeuilles" institutionnel avec :

• le SYTRAL (Syndicat des Transports de l'Agglomération Lyonnaise) qui limite son périmètre pour les transports en commun à celui du Grand Lyon,
•  la Communauté Urbaine (Voirie, grandes infrastructures routières...),
•  le Conseil Général du Rhône (hors périmètre du Grand Lyon, autocars, scolaires et infrastructures routières),
•  le Conseil Régional (Transport ferroviaire régional),
•  l'Etat (autoroutes, contournements, TGV, fret, PRQA, aéroport),
•  l'Europe (TGV, aides financières pour les grands projets).

2) Le contexte

   A partir de ce constat et face à la multitude de projets reservés à l'automobile et aux poids lourds, le budget consacré aux infrastructures de transport en commun et aux déplacements doux (vélo, piétons, sites propres, rollers) ne pouvait être que "la part du pauvre". D'où la volonté de nombreuses associations et organismes de se regrouper fin 1989 avec le Collectif Auto-Stop, puis dans un réseau informel en 1993 et 1994, pour enfin parvenir à la création de la coordination DARLY le 3/10/1995.

   Dès sa naissance, 15 associations participent à cette coordination qui souhaite rassembler et fédérer les énergies locales (une FNAUT du Rhône en quelque sorte) pour mieux peser sur les choix des décideurs politiques. En effet il existait une multitude d'associations agissant sur un secteur géographique déterminé ou pour un mode de déplacement précis sans avoir une vue plus large et une action concertée. Cette diversité nous permettra par la suite de progresser, d'amplifier notre audience et d'avoir l'écoute, voir l'appui, de nombreux élus et professionnels présents sur l'agglomération (INRETS, Laboratoire d'Economie des Transports, CERTU, ADEME,...).
 Nous avons pu ainsi progressivement constituer un réseau citoyen sans se scléroser ou se replier sur des rélflexes de type NIMBY (Not In My Back Yard - pas dans mon jardin!) ou monomaniaques obsessionnels, tels des militants "moines-soldats" qui ont toujours raison et considèrent les autres comme des incompétents.
 
   Notre participation à l'élaboration du Plan des Déplacements Urbains de Lyon en 1996 et 1997 a renforcé notre crédibilité et nous a formé à la problématique des déplacements: c'est ainsi que nous avons fortement soutenu la volonté courageuse du Président du SYTRAL, Mr Christian Philip, de créer 2 lignes de Tramway moderne, la réalisation d'un réseau d'agglomération de transports interconnectés (métro, tramway, train, trolleybus, bus, taxis) et d'un véritable réseau de pistes cyclables qui pouvaient créer une dynamique pour Lyon.


3) Les points essentiels de notre argumentation

•   La promotion du tramway par rail en site propre afin de reconquérir l'espace public trop accaparé par l'automobile ("le tramway urbaniste" cher à Francis Beaucire),
•   La promotion qui en découle du Tram-train, ou tramway d'interconnection, qui permet d'utiliser les lignes de voies ferrés ("l'étoile ferroviaire") et de tisser un véritable réseau de transports en commun (métro/tramway/train) sur l'agglomération lyonnaise au sens large: la région urbaine de Lyon ou son bassin de vie,
•   Le réseau de pistes cyclables et la culture vélo (locations, aménagements, vélo/Transport en commun),
•   La promotion des déplacements doux (piétons, 2 roues, rollers) et l'aménagement de zones 30 km/h ou de quartiers tranquillisés pour repenser le "partage de la rue et de l'espace public",
•   La prise en compte d'une mobilité moderne réellement adaptée à nos besoins et non subie: la voiture partagée, le co-voiturage, le taxi comme transport semi-public, la non-exclusion des personnes en difficulté (tarification sociale...),etc...,
•   La lutte contre les pollutions, nuisances et gaspillages dûs à notre organisation des transports: le tout route, le fret routier, la fuite en avant économique dévoreuse d'espaces, d'énergies et de finances...
•   L'aménagement pour une circulation à pied, en vélo ou en roller des berges du Rhône et de la Saône.

  
4) Nos résultats et nos avancées concrètes

Patiemment, nous avons construit un réseau citoyen qui a réussi à prendre sa place dans le paysage associatif lyonnais:

• Participation à l'élaboration du Plan des Déplacements Urbains de Lyon adopté en Octobre 1997, et à celle de du Plan Régional de la Qualité de l'Air adopté en 2000; admission au Collège des associations de la COPARLY et présence régulière aux réunions du Comité syndical du SYTRAL.
• L'organisation d'une manifestation à dimension régionale le 4/10/97 à Lyon avec 3000 personnes sur le thème "STOP au TOUT-ROUTE, pour une autre politique des transports".
• Dans le cadre du contrat de plan Etat-Région 2000-2006, réalisation d'un document commun de propositions pour Rhône-Alpes avec la Fnaut, FNE/Frapna Région et le COJAM ( Coordination Jura Alpes Méditerranée) pour la partie concernant la Région Urbaine de Lyon.
•  Réalisation de documents écrits synthétisant les propositions de DARLY: Tram-Train dans le Sud Ouest Lyonnais, tableaux comparatifs chiffrés sur les infrastructures routières et de transports collectifs,...
• Organisation et participation à de nombreuses réunions publiques : effet de serre, réseau de transports en commun, zones 30, circulation durable etc...
•  Réalisation d'un panneau d'exposition présentant nos propositions pour un réseau inter-connecté de T.C. sur l'agglomération lyonnaise dans le cadre d'un travail collectif ( "Habitats, Habitants, Habitudes" ) au sein de la MRE.
• La réactivation du projet de réutilisation du CFEL (Chemin de Fer de l'Est Lyonnais) pour une desserte en tramway avec l'inter-conseils de quartier de Villeurbanne, l'association Trans2000, Protraly et Lyon-Tramway.
•  A l'occasion du débat public sur les contournements autoroutier et ferroviaire de Lyon ( 15 Octobre 2001 au 15 Février 2002 ) nous avons impulsé la création du Collectif Rhodanien et du Collectif Associatif afin d'élargir et amplifier nos arguments dans ce débat resté souvent trop local.
•  Accueil du congrès de la Fnaut à Lyon les 9,10 et 11 Novembre 2002.